X-Men : Dark Phoenix porte en lui un goût fade et mollasson, sans identité propre. Quelque part comme si le film se reposait totalement sur la personnalité des anciens sans chercher à raconter quelque chose de nouveau. Rien ne nous surprend vraiment, les scènes d’action sont somme toute assez plates, nonobstant la séquence du train qui sauve le tout.
Car soit, Simon Kinberg fait le pari de rendre ses lettres de noblesse au personnage du Phoenix en réponse au traitement maladroit auquel il avait eu droit dans X-Men : l’Affrontement final. Pour autant, rien dans la lecture du personnage ni dans son interprétation ne transpire l’originalité. A aucun moment le film de se dote d’une identité propre (Reconnaissons au passage que Captain Marvel avait eu le mérite de faire des efforts à ce niveau-là).
On pourrait très bien supposer que cet opus peine à tenir la route sans la présence d’un Hugh Jackman. Oui sauf qu’à ce compte-là, X-Men : le Commencement s’en était parfaitement sorti 9 ans plus tôt, en incrustant son intrigue sur fond de guerre froide. Et c’est précisément ce qui manque à ce dernier volet de la franchise : une contextualisation historique pour insuffler du sens à l’action des mutants.
Le dernier truc qui nous chatouille est un mal dont souffrent de nombreuses franchises à ce jour : la cohérence. Le film passe son temps à contredire tout ce qu’avait bâti Bryan Singer depuis le premier né de la franchise en 2000. En ayant décidé de rassembler au sein d’une même œuvre les personnages de la première trilogie et la seconde dans X-Men : Days of Future Past, la production a admis avoir assuré un prolongement avec la trilogie des années 2000. Ici comme chez Lucas Film, on oublie tout très vite, quitte à torpiller sans retenue la cohérence de son propre univers, tant que c’est au profit du spectacle, qui n’est pas non plus au rendez-vous pour autant.
L’absence de Bryan Singer se fait clairement ressentir ici. Gentiment remercié après les plaintes pour agression sexuelle dont il a fait l’objet. Un talent de plus éloigné des studios depuis l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo. Lui succède un Simon Kinberg cumulant les rôles de scénariste, metteur en scène et réalisateur au sein d’une machine hollywoodienne plus forte que lui.
En somme, X-Men : Dark Phoenix propose peu de choses pour ressusciter la saga, qui a muté depuis bien longtemps dans une forme épisodique peu encline à prendre des risques. En vérité, la saga exploite à présent bien moins de codes du cinéma que de ceux d’une série télévisée. Il ne reste plus les comics de ce bon vieux Stan pour ressusciter notre âme d’enfant.
*Ce film figure dans mon Flop 2019