Vous ne connaissez pas son nom. Et pourtant, Romain Quirot est l’un des seuls à tenter de nouvelles choses en salles depuis 2 ans. Après une première épopée SF assez sympathique, le voici de retour avec Apaches, sorte de Peaky Blinders à la française qui mérite – forcément – toute notre attention.

19 mai 2021. Réouverture officielle des salles après des mois sans spectateurs. Trop frileux pour abattre leurs atouts d’entrée de jeu, les distributeurs préfèrent prendre la température en alignant les petites productions. A ce titre, peu de candidats sinon Quentin Dupieux avec Mandibules, et ce petit gars, Romain Quirot. Un jeune réal sorti de nulle part, tout comme son film : Le Dernier Voyage. Une jolie petite surprise qui témoignait alors d’une forme de culot plutôt inédite dans l’hexagone. Et une audace qu’on retrouve avec bonheur encapsulée dans son dernier né : Apaches, revenge movie nerveux et agité dans le Paris 1900.

Rythme affolant, montage effréné, caméra mouvante. Apaches est un film qui ne tient pas en place, tout en reposant solidement sur son trio de tête : Alice Isaaz, Niels Schneider et Artus. Derrière ces trois-là sont convoquées les meilleures gueules du cinoche en gros plan (Bruno Lochet, Dominique Pinon, Jean-Luc Couchard, Rod Paradot, Hugo Becker). Filmer de près dans des cadres étriqués : un parti pris de réalisation autant qu’un moyen d’économiser les décors, très réussis au passage.

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La mise en scène n’est pas en reste, loin de là. Romain Quirot nous gratifie de sublimes plans-séquences et de très chouettes idées de cadrage (le plan de la bouteille explosée pile dans l’axe de la caméra, pour ne citer que lui). Tant et si bien qu’on a parfois l’impression de se retrouver devant un clip. Rien d’étonnant quand on sait que c’est par là qu’a commencé la carrière du jeune cinéaste.

Côté écriture en revanche, c’est l’encéphalogramme plat (et c’est aussi symptomatique de l’école du clip). Face à un scénario si squelettique, sans relief ni rebondissement, on se questionne assez vite sur les prétentions du film, qui n’a semble-t-il aucune autre ambition que l’exercice de style dont il est le support. Il n’appartient alors qu’à nous d’accepter la proposition esthétique seule. Puis de nous laisser entraîner par Billie dans sa quête de vengeance contre les Apaches, quinze ans après le meurtre de son frère par ces derniers.

Cette culture du cool à petit budget, ces films de bricole sans prétention surgis de nulle part et libérés de toute pression critique, ce sont nos petits bonheurs cinéphiles. Des laboratoires artistiques autant que des rampes de lancement pour ceux qui les fabriquent. Des jeunes cinéastes audacieux, amusés, passionnés. Le Dernier Voyage a déjà 2 ans. Pour Romain Quirot, il ne fait que commencer.

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