C’est à la fois le retour tant attendu du bien aimé Guillermo El Toro (Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim) et l’apparition d’un ovni que personne n’avait vu venir : La Forme de l’eau. Un film fantastique et romantique bouleversant dont le visionnage ne m’a pas laissé indifférent, et pour cause…

La Forme de l’Eau nous emmène à la rencontre d’Elisa, une jeune femme à l’existence plutôt solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent, au sein du laboratoire gouvernemental ultrasecret qui les emploie, une expérience encore plus secrète que les autres…

Le film fait, de manière assez logique, l’apologie de l’eau en tant qu’élément refuge. Représentée sous toutes ses formes, elle représente la vie, la quiétude et la paix. Quand l’eau disparaît, elle laisse place à la haine et au chaos, incarné avec puissance par Micheal Shannon, dit Richard Strickland : un américain à l’égo poussé à l’extrême, qui porte en lui ces joyeuses qualités que sont le racisme et la misogynie.

A la réponse, on trouve Sally Hawkins qui nous livre un rôle de composition démentiel et tient le film avec une présence folle dans le rôle d’Elisa, une femme de ménage muette dont le courage n’a d’égal que toute l’eau des océans. Lui répand le conflit et la violence, elle cherche à gommer toutes nos différences. Ensemble, ils proposent une fable bourrée de fantaisie portant sur la dualité entre l’amour et la guerre. Un peu simplette et manichéenne mais diablement efficace grâce à sa joyeuse mise en scène et son excellent rythme.

Sally Hawkins et Octavia Spencer

Dernier élément mais non des moindres : le son. Qui propose au spectateur une réelle expérience, forcément pleine de sens autour d’une héroïne muette. A celui-ci l’on adosse une musique nébuleuse, aquatique et bouillonnante, alternant avec une partition diégétique très joviale au travers de morceaux jazzy-rétro de l’époque. Une nouvelle prouesse signée, une fois n’est pas coutume : Alexandre Desplat. Voilà qui complète en bonne et due forme ce petit chef d’œuvre du fantastique, à ranger dans notre Top 10 de 2018 !

En bref : un conte du XXème siècle comme on en fait plus, formidablement interprété et opposant avec intelligence la poésie à la violence. Une parenthèse enchantée nommée 13 fois aux Oscars, repartie avec quatre statuettes dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Un récompense à la hauteur du seul vrai film à être sorti du lot en 2018, année décidément bien pauvre…

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