Si le polar apparaît depuis toujours comme une véritable spécificité française, il n’est pas dit que le genre soit à mettre entre toutes les mains. Totalement inconnu au bataillon, Guillaume Pierret s’engouffre dans cet univers très codifié avec Balle Perdue, un premier film au casting prometteur et au pitch vendeur sur fond de Go Fast. Récupéré par Netflix, le projet donne vie à un polar moite et platonique sans grande ambition, consistant en une simple succession de péripéties largement prévisibles et sans aucun retournement de situation.
Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir réuni un casting prometteur (Bedia, Duvauchelle, Arbillot, Celma, Paradot). Oui mais voilà : Guillaume Pierret a des bons acteurs mais ne sait absolument pas les diriger, et encore moins les filmer. Seul Alban Lenoir s’en sort avec les honneurs par sa justesse de jeu dans le rôle de l’ex-taulard accusé à tort. Avec cette curieuse impression qu’il est bel et bien le seul à s’investir dans le film.
Balle Perdue est un vrai film de cascadeurs. Mais malheureusement, il n’est que ça.
Un sentiment de solitude renforcé par la pauvreté des décors et moyens matériels autour du héros, révélant un manque de budget criant : les lieux de tournage se comptent sur les doigts d’une main, la photographie est littéralement inexistante (et tournage de jour pour économiser l’éclairage) et les mêmes voitures sont réutilisées à tire-larigot (ex : la Peugeot 208 grise qu’on croise quinze fois dans la course-poursuite finale à titre figurant). Les productions Netflix, on le sait, incombent souvent des restrictions budgétaires, surtout pour des premiers films. Mais là, ça dépasse l’entendement.
Le film est néanmoins sauvé par ses scènes d’action avec Alban Lenoir, qui priment pour leur brutalité et leur crédibilité, ainsi que pour les séquences de Go Fast en bagnole. Déjà monnaie courante dans un blockbuster de série B mais plutôt inédites dans le cinéma français. Un bon point pour Guillaume Pierret, qui semble n’être arrivé là que pour sa capacité à filmer des bagnoles en action. Oui, Balle Perdue est un vrai film de cascadeurs. Mais malheureusement, il n’est que ça.
Une balle perdue, dix de retrouvées
Je continue néanmoins à croire que le polar est l’un des genres les mieux maîtrisés par le cinéma français, ce que tentera de prouver Cédric Jiménez en 2021 avec Bac Nord, là où d’autres pourtant chevronnés s’y sont cassés les dents pas plus tard que cette année avec Bronx, d’Olivier Marchal, pour ne citer que lui.