A mi-chemin entre Homeland et The Designated Survivor se trouve Bodyguard, thriller d’espionnage paru en 2018, largement plébiscité par le public du haut de ses 17 millions de téléspectateurs via BBC One. Derrière ce succès, une idée plutôt maline : dépasser le cliché du bodyguard vétéran de la guerre en Afghanistan en proie à la dépression traumatique et à l’alcoolisme en lui confiant la protection de celle qui fut à l’origine de la mobilisation des forces britanniques dans le conflit au Moyen Orient.
Un pitch royal propulsant dans le rôle-titre Richard Madden, regretté à l’écran depuis le célèbre épisode des Noces Rouges de Games of Thrones et récompensé à sa juste valeur ici par un Golden Globe du meilleur acteur dans une série dramatique pour le rôle de David Budd. Un personnage extrêmement tourmenté qui conserve sans cesse une part de mystère, dont son interprète a parfaitement su maîtriser toute la complexité. Avec en bonus un accent britannique à couper au couteau !
Un script aux petits oignons
L’avantage des mini-séries, c’est qu’elles concentrent un maximum d’intelligence scénaristique en un nombre minimum d’épisodes. Bodyguard en est le parfait témoin avec dans le cas présent une temporalité ultra-réduite à raison d’une intrigue écoulée sur quelques jours seulement. Certains pointeront la fâcheuse habitude que possèdent les séries à cumuler les évènements tragiques en un espace-temps relativement resserré – nuisance notable au réalisme du show – sans parler des habituelles interférences entre vie privée et vie professionnelle qui viennent pimenter les relations entre les personnages. Mais cela, sans parler de déjà vu, c’est un must-have en 2020.
Là où Bodyguard s’illustre à merveille, c’est aussi dans son parti pris de conférer un place centrale aux personnages féminins en leur attribuant des professions à haute responsabilité : la ministre de l’intérieur, la responsable de la brigade d’intervention anti-terroriste, le commandant de la cellule anti-terroriste, l’inspectrice en charge de l’enquête, la responsable du service dont dépend le héros… Une batterie de seconds rôles férocement bien tenus et en accord avec une intrigue écrite au cordeau.
Le pilote s’ouvre sur une première demi-heure absolument poignante et s’illustre par une maîtrise impeccable de la tension dramatique. Lui répond une conclusion tout aussi spectaculaire et une fin très adulte. A l’image d’une série qui nous aura immergé avec justesse dans les arcanes du pouvoir britannique et tenu en haleine de bout en bout sans jamais fléchir.
Comment voir Bodyguard ?
Sur Netflix of course ! Un premier package à consommer rapidement en 6 petits épisodes. Les 3 premiers épisodes sont réalisés par le français Thomas Vincent. Les trois suivants par le britannique John Strickland. Aucune saison 2 n’est prévue à ce jour.