Nous sommes en 1973 quand Philippe de Broca, 19 longs métrages à son actif et autant d’années de carrière derrière lui, propose à Jean-Paul Belmondo une seconde collaboration après les 4,8 millions d’entrées qui leur a valu la première : L’Homme de Rio. Du haut de ses 40 ans, Bebel, au sommet de sa gloire, semble en effet tout indiqué pour interpréter Le Magnifique.

Voilà qu’on nous raconte l’histoire de François Merlin : un romancier à la vie pluvieuse qui s’invente, par le truchement de sa machine à écrire, une vie d’agent secret. Celle de Bob Saint-Clar (à deux lettres de devenir DJ le gars) : fleuron des services secrets français, meilleure gachette du service et séducteur de ses dames. Bref le héros à qui personne ne résiste.

De la comédie sociale…

Le Magnifique n’a rien à envier à La Cité de la Peur tant il ne jure que par l’absurde : Le coup de feu qui tue six mecs en même temps avec une seule balle, le colonel compressé dans 1 mètre cube de carrosserie, le téléphone en jet ski, les 5 traducteurs serbes, le tennis/golf avec une grenade… Une succession de gags assez bien maîtrisés qui concourent à une joyeuse moquerie du film d’espionnage dans ce va-et-vient survolté entre fiction et réalité. Et un style dans lequel a délibérément puisé Hazanavicius pour son personnage d’OSS 117 (il faut voir Bebel se pavaner devant ces dames en sortant de la piscine : définitivement culte).

Stoppé dans son élan par une machine à écrire défaillante, Merlin se rend à la banque pour demander une avance afin de pallier son découvert. Une requête à laquelle son banquier répond par la négative, et une inspiration de plus pour Merlin qui trouve en ses écrits un véritable exutoire au-delà d’une simple source de revenus. Faisant ainsi de chacun de ses contradicteurs, du flic à l’électricien en passant par le plombier, un des opposants de Saint-Clar. Forcément, c’est tout de suite plus facile de s’affranchir de tous ces petits agacements du quotidien par le prisme de la fiction.

…aux rêveries sentimentales

Le voilà qui se prend ensuite à idéaliser sa romance avec Christine, sa jeune voisine sociologue. Confrontant au passage la portée anthropologique du personnage de Bob Saint-Clar à la simplicité du roman populaire tel qu’il a été pensé à l’origine. L’inoubliable Jacqueline Bisset compose ainsi avec Belmondo une partition énergique et savoureuse devant la caméra amusée de Philippe de Broca tandis que la réalité se substitue progressivement à la fiction.

Outre le fait qu’aucun scénariste n’est crédité au générique du film (seulement quelques script-doctors embauchés sur le tournage), la singularité du Magnifique tient surtout à son style cartoonesque et survolté. Une heure trente-sept d’allers-retours à toutes berzingues entre réalité et fiction. Un des plus grands succès populaires de Belmondo récompensé par 2,8 millions d’entrées à sa sortie. Alors, si t’as le cafard, regarde Le Magnifique, c’est bon pour le moral 🙂

Le fou avant le magnifique

Avant d’incarner le sautillant Merlin dans Le Magnifique, Jean-Paul Belmondo a brillé chez Godard avec Pierrot le fou, road trip détonnant dont les personnages s’attachent 2 heures durant à questionner le concept de la liberté. Incontournable.

Comment voir Le Magnifique ?

Depuis le mois de novembre 2020, il est possible de retrouver une large portion de la filmographie de Jean-Paul Belmondo sur Netflix. Manière assumée de revendiquer son parti pris rétro-cinéphile pour travailler sa logique de ciblage en terme de publics. En tant que ‘un des plus gros succès de Bebel, Le Magnifique vous attend donc sagement sur la plateforme star 🙂

Leave a comment