De tous temps, Cédric Klapisch a fabriqué un cinéma social explorant avec persévérance la jeunesse, le travail et les relations humaines. Avec Ce qui nous lie, titre forcément évocateur, le réalisateur prolonge l’humeur de son œuvre avec un dixième film très juste, très tranquille aussi, à la fois curieusement loin et parfaitement proche de son matériau d’origine.

C’est un de ces petits films français qui ne fera pas de grosses vagues, avec un casting d’acteurs de second plan, une intrigue molle et une réal ultra-basique. Alors non, ça n’est pas une Auberge Espagnole 2.1. Et ça ne gueulera pas plus haut que Ma Part du Gâteau. Et puis il n’y aura pas Romain Duris. Mais à la place, il y aura ce drame ultra-léché emprunt du meilleur de sa filmographie.

Retour en Bourgogne

Avant, les héros Klapischiens voyagaient. Ici, le fils prodigue revient en terre natale : loin du tumulte urbain où s’ébroue d’ordinaire la caméra du cinéaste, Ce qui nous lie s’exile avec confort – et à raison – en milieu rural, théâtre d’une juteuse intrigue et de splendides panoramas bourguignons. Là, se chamailleront sans langue de bois et d’un jeu habile Pio Marmai, Ana Girardot et François Civil. L’humour s’invitera à la fête, sous la houlette du dernier, tandis que la romance glissera hâtivement quelques orteils dans un récit aussi captivant que réaliste.

Pour cause, ce dernier regorge de sujets qu’il n’a que trop bien accouplés : ôde à la nature, débat vin bio VS recours aux pesticides, transmission du savoir-faire entre générations, rapport au père, et bien sûr : le vin comme élément central et formidable matériau scénique. L’ami Klapisch distille par ce biais des métaphores par dizaines sur les relations humaines, car patience et pragmatisme, tout comme en vignes, restent les vertus d’une affection durable et préservée.

Ce qui nous lie devait voir le jour plus tôt, avant Casse-Tête Chinois, sorti en 2013. Mais l’ami Klapisch, bien qu’impatient de porter à l’écran cet épisode emblématique de son enfance en Bourgogne, a su attendre et faire mûrir son idée pour en extraire le meilleur. Aujourd’hui, c’est la saison des vendanges, et c’est Cédric qui régale. Alors on ne crache pas.

Pssst ! D’un Klapisch à l’autre, retrouvez François Civil et Ana Girardot dans Deux moi, son dernier né en 2019 🙂

Leave a comment