On ne présente plus Damien Chazelle, véritable révélation des années 2010 en seulement 2 films : Whiplash et de La La Land, 2 bombes atomiques ayant retenti avec violence dans le monde du 7ème art. Pour les uns c’était le dernier album de Johnny, pour les autres, c’était le nouveau Chazelle. Dans La la Land, la Lune contemplait l’homme, ici c’est l’homme qui contemple la lune. Cet homme, qu’on ne présente plus lui aussi, c’est Neil Armstrong. Premier homme à fouler l’astre céleste. The First Man.
Le contexte avant tout
First Man, au-delà du récit de premier plan, c’est l’occasion de se remettre en mémoire les faits de l’époque. Un monde où ce sont les hommes qui sont à la manœuvre de la course à l’espace. Quand dans leur foyer les épouses attendent, inquiètes, que leur moitié ne disparaissent pas au cours d’un test de vol spatial en conditions réelles. C’est aussi une époque sombre, où l’on assiste à une véritable montée de tension entre les russes et les américains. Une Guerre Froide au cours de laquelle c’est à celui qui arrivera le premier en haut qu’il reviendra la privilège de répandre son idéologie sur le monde occidental.
Et au milieu de tout ça, un homme : Neil Armstrong. Un héros du XXème siècle comme on en fait plus. Finalement peu concerné par tout ce chahut tant il lève la tête au ciel et rêve de le transpercer. Un homme dont le chemin importe plus que la destination. Pour qui les maths comptent plus que les émotions. Et devinez qui on a choisi pour interpréter un mec qui dissimule tout ce qu’il ressent ? Golsling. Ryan Gosling.
Non mais regardez-le c’est impossible, cette personne n’est pas un acteur, c’est une poupée de cire ! « Oh regardez Il sourit ! Que plus personne ne bouge, laissez tourner la caméra ! ». Non mais franchement, on aurait mis sa statue au musée Grévin sur le plateau de tournage que personne n’y aurait vu que du feu ! Et finalement, on se rend très vite compte que le choix de Ryan Gosling fait parfaitement sens pour incarner Neil Armstrong, véritable héros de XXème siècle qui a tout fait pour contenir ses émotions suite au décès de sa jeune fille en 1961, et dont le sang-froid lui a permis de gravir les échelons. Du coup, Gosling, on valide ! Et une révélation : Claire Foy. Une présence magnétique, un regard envoûtant.
Pellicule forever
Côté réal, on sera moins proche du La la Land que du Whiplash, avec un rapport très intime avec les personnages : Pas un seul plan d’ensemble, rien ne dépasse le plan taille, tout porte sur l’humain et ses émotions. Retour à ses premiers amours et aux inserts, focales courtes de Whiplash, accouplés à un tournage en pellicule, comme pour rendre compte du réalisme ambiant, pour traduire le toucher, les traits de la peau, et plus tard le sol poreux de la lune.
Et bien sûr, la musique. Forcément. Une partition éclectique cette fois-ci reléguée au second plan à la différence des précédents films de Chazelle, mais non moins efficace, s’adjuvant aux pensées de Neil Armstrong comme pour extraire et transcrire les émotions que ce dernier s’efforce de contenir. Des regrets ? Oui, un film un peu longuet. Et un style assez loin de l’œuvre du réalisateur franco-américain, pour ceux qui espéraient s’y retrouver.
N’en déplaise, le franco-canadien nous offre un biopic fidèle, bourré de justesse, vertigineux par endroits. Un hommage à la hauteur du mythe d’Armstrong. D’aucuns contestent encore le fait que ce dernier ait posé ses petits petons sur la Lune. Mais si il y a bien une chose dont personne ne doute encore, c’est bien l’empreinte laissée par Damien Chazelle dans le 7ème art. Un talent propulsé en orbite.