Le cinéma nous a conté nombre d’aventures. des périples impossibles et des traversées du désert interminables. Depuis le 12 septembre dans les salles, Thomas Lilti, médecin de formation, nous conte la sienne : la PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé). Un parcours du combattant en mode bachotage où votre bouquin d’hémato sera tout à la fois votre meilleur ami et votre oreiller…

Si la PACES m’était contée, ce serait avec Première Année. Un petit film audacieux d’une heure trente doté d’un réalisme fou, pour nous conter l’aventure tentée chaque année par 70 000 bacheliers pour espérer figurer dans les 15 000 acceptés en médecine.

Une vie de carabin menée de septembre à juin entre les livres et les cours en amphi, les repas pris sur le pouce, une vie sociale invisible et des larmes qu’on garde pour quand ça sera fini. Toute une année entre parenthèses pour tenter de devenir ceux qui demain soigneront l’humanité. Ou comment se rendre malade pour devenir médecin. Une ironie clairement retranscrite par le film de Thomas Lilti.

Par quel procédé afflue le sang dans la veine cave inférieure ?
Quelle est la molécule associée au phospho mucoglutase ?
Dis Antoine, t’as compris ce que c’était la pancréatico-splénique ?

Autant de notions tirées du jargon qu’ont dû apprendre Vincent Lacoste et William Legbil, tous deux à la fois drôles et attachants dans ce film. 2 acteurs très prometteurs de la scène française ayant prêté leur flegme naturel à Antoine et Benjamin, poussés par une direction d’acteurs au poil (clairement le film qui m’a fait aimer Vincent Lacoste).

Au global, peu de choses à redire sur Première Année, dont le style discret et efficace a tout pour plaire. Le film met particulièrement en lumière la notion d’entraide et de compétition, qui entretiennent toutes deux un rapport très ambivalent. Le fait d’avoir traité les héros sous cet angle conduira à une fin plutôt discutable, mais sans pour autant perdre la justesse dont ce film est affublé.

Et au final cette question : Pourquoi ? Pourquoi s’échiner une année durant à bachoter, croulant sous les bouquins, à ingurgiter des cours comme du bétail, à chercher à tout retenir sans rien chercher à comprendre. Dans l’ombre, Thomas Lilti questionne, dévoile, et dénonce ce fameux Numérus Clausus dont on nous dit qu’il devrait disparaître en 2020. Comme dans Médecin de Campagne, le réalisateur ne se fait ni le bourreau ni l’avocat du sujet. Non, il dit la vérité, ni plus ni moins.

Sans être un chef d’œuvre en puissance, Première Année est à bien des égards un modèle de réalisme. Une qualité devenue rare au cinéma, dont Thomas Lilti a fait sienne en invitant le public à partager son aventure. Pour moi, c’est l’une des petites réussites de 2018. Et une invitation au débat avec cette sempiternelle question : Pourquoi ?

De Première Année à Hippocrate

De la théorie à la pratique, il n’y a qu’un pas que Thomas Lilti franchit dans peine avec Hippocrate, la série adaptée de son premier film éponyme. Une plongée ultra-réaliste dans les couloirs de l’hôpital Raymond Poincaré, et dans les vies de ces internes désormais livrés à eux-mêmes.

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