Il était temps ! Quatre ans qu’on trépignait d’impatience, quatre ans à attendre le dernier né de la nouvelle coqueluche du cinéma de genre francophone : Julia Ducournau. Elle qui avait si bien remué nos estomacs autant que nos appétits cinéphiles avec Grave, en 2017, revient ce jour avec son deuxième long : Titane.

A l’heure où j’écrivais ces lignes mercredi dernier, en sortie de séance, Titane n’était qu’un simple évènement cinéphile. Aujourd’hui, c’est une œuvre planétaire controversée. Auparavant, le titane était un alliage extrêmement dur, hautement résistant à la chaleur et à la corrosion. Aujourd’hui, c’est un trophée constitué de 118 grammes d’or jaune de 18 carats juché sur un cristal de roche. Bref, c’est une Palme d’Or.

S’il y a bien une chose que j’ai appris à faire en seulement 2 films de Julia Ducournau : c’est d’en apprendre le moins possible sur l’œuvre en question avant d’arriver dans la salle. Et bordel, qu’est-ce que j’ai bien fait ! Voilà pourquoi vous n’en saurez pas plus aujourd’hui sur l’intrigue. De toute façon, spoiler : le synopsis officiel ne sera guère plus éloquent. Néanmoins, c’est bel et bien le discours féministe qui sera le fer de lance du récit. Et c’est juste extraordinaire quand on sait que Julia Ducournau est la deuxième femme réalisatrice à remporter une Palme d’Or, 28 ans après Jane Campion avec La leçon de piano.

Titane, c’est dur

Titane, c’est d’abord une gourmandise cinéphile : pour son deuxième long, la jeune cinéaste de 37 ans va glaner ses inspirations du côté de John Carpenter ou David Cronenberg, en les assumant pleinement. Tout en continuant de tisser la toile de son cinéma : style ultra-sensoriel, cadre extrêmement riche, toujours très garni et serti d’une belle palette de couleurs, des notes fluo un peu partout, dialogues réduits au strict minimum, adulation chronique pour les corps, intrigue à base de family issues, incitation au malaise, et des séquences « clip » trempées dans une bande-son ultra sensuelle.

Mais surtout, la jeune cinéaste a parfaitement compris que le cinéma de genre trouve tout son intérêt uniquement à compter du moment où l’on s’appuie dessus pour raconter quelque chose. En l’occurrence ici : la filiation et la paternité, au premier plan. La féminité, au second. En revanche, ne cherchez rien du côté des interprétations, la direction d’acteurs n’est clairement pas une priorité pour Ducournau puisque tout ou presque va passer par la mise en scène. Toutefois, Vincent Lindon est véritablement un excellent choix en qualité de personnage central.

En résumé, Titane est assurément l’un des films les plus dérangeants que vous verrez cette année. Mais par bien des aspects, c’est aussi l’un des plus stylisés et des mieux tenus dans ses intentions de mise en scène. Alors oui, c’est vrai, il faudra s’affranchir de toute logique, concéder les raccourcis scénaristiques, accepter les règles en vigueur. Mais le jeu en vaut clairement la chandelle (sans quoi vous resterez bloqués aux portes du film). Sachez seulement ceci : si vous voulez vous laisser surprendre par le cinéma. Si vous voulez arriver dans la salle sans savoir ce qui va vous arriver, Titane est fait pour vous.

La note de Maître Kangourou : 8/10

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