La SF française a-t-elle sa place sur grand écran face à la fébrilité croissante de l’industrie ? Créé il y a treize ans sur le tout petit, Le Visiteur du Futur semble avoir toutes les cartes en main pour tarir les méfiances…
Si l’histoire nous a démontré que les youtubeurs avaient toutes les peines du monde à exister au cinéma (Pas Très Normales Activités, Le Manoir…), Le Visiteur du Futur semble mieux préparé à son débarquement en salles. Peut-être bien parce que François Descraques pense d’abord à son récit avant de penser à ceux qui vont le faire vivre. Et quand bien même on retrouve toute la clique du clic au générique (Poulpe, Khojandi, Ludovik, McFly & Carlito…), ses personnages ne sont jamais là par hasard.
La bonne idée : avoir placé les héros de la web série au second plan au profit de deux nouveaux personnages (Arnaud Ducret et Enya Baroux) pour mieux fédérer le public autour de leurs trames personnelles. Des enjeux qui résonnent fort avec l’actualité de cette rentrée : à l’heure où retentit l’alarme écologique, Le Visiteur du Futur atterrit en salles avec un timing impeccable et un récit plus que jamais d’actualité fondé sur conflit de générations et crise environnementale.
Petit budget, grosses idées
Alors oui, Le Visiteur du Futur a ses défauts : un peu niais par instants, dénouement prévisible, quelques interprétations douteuses… Pour autant, tout cela est assez vite compensé par toutes les bonnes idées de mise en scène destinées à pallier au manque de moyens (seulement 3 millions de budget !), ainsi que par le travail sur les vannes, d’autant plus efficaces qu’elles servent toujours à faire avancer le récit. Des attributs qui témoignent d’un véritable esprit inventif qui innerve tout le film sur sa petite heure quarante. Bonus : pas besoin d’avoir vu la série pour avoir son adaptation en long-métrage !
Les plus attentifs se souviennent peut-être du Dernier Voyage, une petite pépite SF française sortie en 2021, le jour même de la réouverture des salles. Ici résonne la même humeur artisanale, le même esprit de débrouille, la même créativité. Le genre de résultat qui démontre que Le Visiteur du Futur a toutes les chances d’ouvrir une nouvelle brèche pour les suivants. Et dire que tout ça est parti d’une canette de soda…