Quel plaisir de voir des salles pleines ! Un succès d’autant plus grand que cette année, le festival consacré aux seconds rôles a fait la part belle à la représentation des profils LGBTQ+. Petit top 4 des découvertes de cette 28ème édition placée sous le signe de la diversité.

Les Survivants

Denis Ménochet est-il en train de créer son propre DMU ? (*Denis Ménochet Cinematic Universe). Dans As Bestas, l’acteur français faisait face à l’altérité de deux frangins espagnols dans la campagne galicienne dans un thriller fiévreux et irrespirable. Et la fièvre de se poursuivre avec Les Survivants : une course poursuite glaçante (au propre comme au figuré) dans laquelle l’acteur se retrouve pourchassé par des extrémistes italiens cependant qu’il aide une migrante Afghane à passer la frontière transalpine.

Présenté grossièrement, l’action se résume surtout à : Denis Ménochet marche dans la neige pendant une heure et demie sans dire grand-chose. Heureusement, Guillaume Renusson sait comment tirer parti de la physicalité de son acteur de tête pour emplir le cadre. Et sait aussi faire monter la tension dans les moments-clés. C’est tout ce qu’on attend d’un film comme Les Survivants, funambule impeccable entre machine à suspense et terrain d’expression politique.

Les Survivants

EO

120 000 entrées. C’est à l’heure où j’écris ces lignes le score atteint par EO au box-office français. Un score plus qu’honorable s’agissant d’un road-movie polonais porté par…un âne. Une proposition pour le moins originale du cinéaste Jerzy Skolimowski. Après quarante ans passés à filmer les hommes, c’est comme si cet octogénaire avait soudainement choisi de changer de point de vue. L’occasion pour l’octogénaire d’illustrer la bêtise humaine à travers les yeux d’un animal à mesure que ce dernier passe de main en main, et pas toujours dans les meilleures. En réponse, la solidarité animale s’organise, un peu comme dans un Disney des grandes heures, quand nos héros d’alors étaient de poils et de plumes.

Muet par principe, EO nous ramène à l’essence même du 7eme art : le langage des images. Outre le travail absolument splendide sur la photographie, le cinéaste joue du cadre et des lumières pour façonner les émotions de l’animal, dont on s’attache d’entrée de jeu tant son humanisation est lisible. Dommage que les 10 dernières minutes soient volées par le personnage d’Isabelle Huppert qui, non seulement n’apporte rien au film, mais en plus, est incompréhensible (va déclencher une tirade de dix minutes après une heure et demie de film quasi muet). On préférera garder en mémoire un sacré film sur la condition animale, ne lésinant jamais sur les plans expérimentaux. Une audace récompensée par le prix du jury à Cannes, qui devrait en surprendre plus d’un.

EO

Trois nuits par semaine

2022 année charnière pour la culture drag queen ? Après avoir captivé les audiences du petit écran avec Drag Race France, les voici débouler sur le grand à l’initiative de Florent Gouelou. Le jeune réalisateur nous conte ici la rencontre entre Baptiste, 29 ans, et Cookie Kunty, une jeune drag queen de la nuit parisienne. Poussé par l’idée d’un projet photo avec elle, il s’immerge dans un univers dont il ignore tout, et découvre Quentin, le jeune homme derrière la drag queen. Mais comment aimer un homme qui s’abandonne à une autre au moins trois nuits par semaine ?

Trop plein d’enthousiasme ou simple souci de cohérence avec le scénario : la place de l’univers drag est telle qu’elle relègue au second plan la comédie romantique sur laquelle le film a placé ses fondations. Mais l’essentiel est là : une formidable incursion dans un univers aux mille couleurs. Le tout dans un Crevettes Pailletées like qui, comme ses personnages, déborde de caractère et de générosité.

Trois nuits par semaine

De grandes espérances

“Peut-on changer le monde si on a les mains sales ?” est la question posée par Sylvain Desclous à travers ce petit film à suspense. Inspiré par son vécu personnel, De Grandes Espérances tire le portrait d’un jeune couple promis à une brillante carrière politique. Jusqu’à ce qu’une mauvaise rencontre survenue pendant leurs vacances en Corse tourne au drame et mette soudainement leur avenir en péril.

Un premier long-métrage avec les petits défauts que ça implique : quelques scènes inutiles, des éléments de scénario inexploités… Mais assez propre et très efficace dans ses intentions, d’où éclot une Rebecca Marder captivante dans le rôle-titre.

De grandes espérances

Jean Carmet : le flash back

Pour retrouver la sélection 2021, c’est par ici !

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