Il y a parfois des petits films qu’on n’attendait pas, et qui nous touchent en plein cœur pour leur évidence et leur simplicité. Patients, de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, est de ceux-là. Après en avoir écrit un livre, le chanteur de slam vient ici nous conter l’évènement qui a changé sa vie : un an de rééducation dans un centre pour tétraplégiques, en d’autres termes : des patients.
Dans la série « films sur les tétraplégiques », on trouve plusieurs écoles : Il y a l’école Toledano/Nakache, qui avec Intouchables cherchaient à ce que l’on traite les handicapés comme des individus « normaux », sous-entendez capables de vivre les mêmes choses que les valides. Et puis il y a l’école Grand Corps Malade, qui nous invite à travers ce film fou à penser comme des handicapés, et à s’adapter à une vie de tétraplégique incomplet.
Et l’expérience débute dès le début de Patients : nous voici, en point de vue interne, dans le corps de Ben, incapable de bouger le moindre muscle, allongé sur son lit d’hôpital, condamné à compter le nombre de petits carreaux de la lumière au plafond, et à distinguer les visages flous de ses parents, médecins et infirmiers, les yeux mi-clos, sans pouvoir ouvrir la bouche. Une scène de 5 minutes qui suffit à nous immerger dans le personnage de Ben, dont on va suivre le lent retour à la validité dans ce centre de rééducation.
A notre grande surprise, on rit beaucoup plus qu’on ne pleure, étonnamment, devant un film basé sur des tétras en rééducation. Et ça c’est dû au jeu extrêmement bon de l’acteur principal : Pablo Laury, qui joue donc le rôle de Grand Corps Malade, je ne serai pas étonné de le retrouver aux Césars, tout comme ses petits camarades de jeu. Mais dans tous les cas je me fais pas de soucis puisque ce film, on va le retrouver aux César ! Pourquoi ?
Et bien parce que tout sonne juste, et que la réalisation est parfaite : les trouvailles au niveau mise en scène sont très plaisantes, le cadrage est ingénieux et chaque parti pris de réalisation, chaque effet de cadrage fait sens, tout comme les musiques sont utilisées avec beaucoup de pertinence pour illustrer un moment bien précis de l’histoire. La synthèse de tout ça est sans appel : on rit, on pleure, et on apprend à relativiser nos vies surtout !
Car Patients est un film qui t’apprend à te relever et à rebondir, même lentement, au prix d’une patience incommensurable. Une leçon de vie sur grand écran qui mérite toute votre attention, ou plutôt toute votre patience…
Synopsis : Se laver, s’habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens…. Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s’engueuler, se séduire mais surtout trouver l’énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l’histoire d’une renaissance, d’un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul.