Kaamelott, OSS 117 : sans conteste les 2 films français les plus attendus de l’année. Parus tous deux à quelques semaines d’écart, et caractérisés par une impatience telle qu’ils n’avaient pas le droit à l’erreur. En face : une horde de fans, privés de cinéma pendant des mois, prêts à bondir sur le moindre détail qui ne respecterait pas leur cahier des charges…

Par chance, Nicolas Bedos, aussi controversé soit-il, est quelqu’un d’assez intelligent pour le respecter malgré sa réputation subversive. Ainsi, ce troisième opus s’inscrit parfaitement dans la tradition des films d’espionnage des années 80 à travers sa mise en scène.

Visuellement, le travail est là. Gros travail aussi sur les couleurs, avec une prédominance de rouge (parfaitement cohérent, donc). Bref, bien peu de choses à lui reprocher sur le plan de la réalisation. Ce 3e volet étant une commande, inscrit dans un univers déjà défini, on remarquera toutefois une différence notable avec ses deux précédents films (M. et Mme Adelman, La Belle Époque) en termes de créativité.

Jean Dujardin est sans surprise impeccable et prend à malin plaisir à ré-endosser le costume. A la différence du premier, Pierre Niney peine encore à laisser de côté ses gimmicks de jeu, mais fait parfaitement le job et compose avec Dujardin un jeu de ping-pong assez savoureux, faisant souvent glisser le film du film d’espionnage vers le buddy movie.

“Mais il y a un hic, et un hic de taille !”

Derrière l’implication de ses acteurs et ses qualités plastiques évidentes, un drôle de paradoxe : le film passe son temps à s’excuser après chaque remarque raciste ou misogyne prononcée par son héros. Comme si Hubert Bonisseur de la Bath prenait conscience de sa connerie, là où ses remarques déplacées dans les 2 premiers ne lui posaient aucun problème. Comme si le film lui-même cherchait à s’inscrire dans une ère post #MeToo (d’ailleurs, il en fait même une réplique !), trop soucieux d’égratigner la twittosphère. Comme si Bedos lui-même, grand spécialiste du “On-ne-peut-plus-rien-dire”, faisait d’OSS 117 son manifeste au lieu de laisser parler son héros.

OSS, autrefois jeune connard, devient ce vieux con de Boomer, ringardisé par les millenials (OSS 1001 !), dépourvu de son essence, arrachant certes les rictus mais n’allant jamais jusqu’au bout de ses intentions. Sans compter la fâcheuse tendance du personnage de Pierre Niney à pointer sans cesse les défauts de son partenaire autrefois idolâtré.

Largement attendu au tournant, ce troisième opus en décevra beaucoup pour le filtrage en présence. Objectivement, et considéré en dehors de la trilogie, Alerte Rouge en Afrique Noire procure un assez bon moment, mais pose à son tour la question : peut-on encore rire de tout ?

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