A l’heure ou les préquels, spin-off et indénombrables suites sont légions en 2020, les one shots sont autant appréciés qu’ils se font de plus en plus rares. La vérité se trouve parfois entre les deux, lorsqu’on s’extrait d’un univers pour le percevoir d’un autre point de vue. C’est la proposition qui nous est faîte dans Tolkien, un biopic libéré de toute convention sur le célèbre auteur du Hobbit et du Seigneur des Anneaux.
Le chemin emprunté par Dome Karukoski est audacieux : s’attarder sur l’homme avant l’œuvre en ne distillant que quelques indices discrets, à petite dose et surtout sans trop appuyer dessus, ce qui colle à merveille à l’humeur discrète du bonhomme.
En ce sens, on trouve bien plus d’inspiration dans les relations tissées par le jeune Ronald au court de son avancée vers l’âge adulte que dans des moments précis. Le film se concentre notamment sur deux aspects : l’esprit de communauté qui se forge naturellement au sein de son groupe d’amis et la création du langage elfique, éveillé par sa relation avec un professeur de linguistique. C’est d’ailleurs le fondement du film : un langage est fait pour révéler la culture d’un monde et de ses habitants.
Techniquement, il n’y a rien à dire. Le film se balance entre le Cercle des Poètes disparus et Downtown Abbey, drapé d’une jolie photographie -qui n’est pas sans évoquer celle de la trilogie de l’anneau – et doté de quelques jolis plans histoire de déjouer les lenteurs.
Du Tolkien, oui, mais en filigrane
La musique de Thomas Newman fait évidemment écho à la bande son mythique, mais se fait suffisamment discrète pour ne pas extraire le spectateur de ce qui se joue dans les dialogues, qui restent le point d’appui du film. Le biopic donne enfin lieu à l’une des plus belles romances de ces dernières années, ainsi qu’à une scène de champ de bataille assez inédite pour toutes les visions fantasques qu’elle embarque.
A la fin des fins, le point de vue et l’audace de Karukoski l’emportent sur les faiblesses de rythme et donne à voir un film douillet, chaleureux, porté avec conviction par un Nicolas Hoult très convaincant. Un bijou ? non. Un précieux, plutôt…