Synopsis : Après la projection en avant-première de son dernier film, un cinéaste rentre chez lui avec sa petite amie. Alors qu’il est certain que son film rencontrera un succès critique et commercial, la soirée prend une tournure inattendue : Malcom & Marie doivent affronter certaines vérités sur leur couple qui mettent à l’épreuve la force de leurs sentiments (source : Allociné).

Voici donc l’un des tous premiers films tournés pendant le confinement ! Faute d’avoir pu travailler sur la nouvelle saison de sa série Euphoria, Sam Levinson s’est finalement rabattu sur un projet express et parfaitement adapté aux contraintes sanitaires : un huis-clos « in real time » tourné en seulement 2 semaines avec seulement 2 acteurs, le tout sous l’étiquette bienveillante de notre ami Netflix. Il n’en fallait pas moins pour piquer ma curiosité cinéphile !

Il semblerait que le noir & blanc soit redevenu tendance dans le cinéma d’auteur. Après la superbe plastique offerte par Mank, le dernier né de David Fincher (pour Netflix, tiens tiens…), nous voici devant une splendide fresque pétrie de mille nuances de noir et blanc, emboîtée dans de somptueux plans-séquences. Comme pour mieux figer dans le temps les sentiments que nourrissent Malcom & Marie durant cette interminable nuit ponctuée de « Je t’aime, moi non plus »

Et derrière son apparente simplicité, l’intrigue explore une foulée de thématiques : le couple bien sûr, à travers la considération que chacun peut apporter à l’autre au-delà de son propre égo. Mais pas seulement. Car Malcolm & Marie est aussi prétexte à une foultitudes de thématiques contemporaines : le racisme ordinaire, la place de la femme dans l’ère post Me Too, l’étiquetage ou non d’un réalisateur en fonction de sa propre condition, la perversion de la presse et des médias, la protection des données personnelles… Ajoutez à cela un tournage en pleine crise sanitaire avec toutes les contraintes que cela implique : c’est peu dire si le dernier né de Sam Levinson est parfaitement aligné avec son temps !

Un Oscar en approche…

Mais, aussi riche et beau soit-il (le film, pas Sam Levinson), la sphère cinéphile en ligne se prononce de manière unanime sur un point d’intérêt bien singulier. Et il s’appelle Zendaya. Fini la Disney girl fendant les airs avec Zac Efron ou Tom Holland ! A travers le personnage de Marie, la jeune actrice – de 24 ans seulement ! – incarne tour à tour la fierté, la sensualité, l’inquiétude, le cynisme, la détresse et la colère. Presque comme si chaque séquence donnait la part belle à un nouveau personnage issue d’une palette de jeu décidément bien garnie (coucou James McAvoy !). Levinson, qui la dirigeait déjà dans Euphoria, l’a bien compris, et produit ici son film de “muse” tant à travers son scénario qu’à travers sa direction d’acteurs, décidément impeccable.

Pourtant, derrière ce portrait rudement bien ficelé d’un couple en crise, incontestablement bien incarné et mis en scène, quelque chose traîne, la clôture des hostilités se fait attendre et la conclusion nous laisse un peu sur notre faim. Comme si Sam Levinson avait mis toutes ses forces dans la propulsion son sujet en laissant à son public le soin de le réceptionner un peu comme il veut. Ou plutôt, comme si l’inachevé était bel et bien la clé du dénouement amoureux pour Malcom & Marie. Reste la prouesse d’avoir su détourner son contexte avec adresse et d’investir davantage les plateformes de streaming avec des œuvres de plus en plus quali. Entendez : ciné-compatibles. Mais c’est un autre débat…

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