Qu’il semble loin le temps des grands rendez-vous Pixar. Ceux des joyaux esthétiques propulsés sur grand écran. Ceux des rencontres avec de splendides univers tout droit sortis de l’imagination des meilleures équipes créatives en ce monde. Après Soul et Luca, c’est au tour d’Alerte Rouge de se voir confiné sur Disney +. Balayant d’un revers de main tout le travail d’un studio en réduisant la grandiloquence d’un spectacle au petit écran.
Dès lors, il devient délicat de comparer les derniers nés Pixar à leurs aînés. Soit, exit le changement d’échelle, et passé l’agacement envers la politique Disney, force est de constater qu’Alerte Rouge trompe assez bien son monde !
D’une, en délaissant assez vite la métaphore de la puberté à travers la transformation de Mei en panda roux – en le normalisant dès le départ notamment (mais en prenant le soin toutefois d’aborder le sujet des règles avec beaucoup de justesse, sans en faire des caisses). En effet, le film se focalise en définitive bien plus sur les rapports sociaux (Vice-Versa, Luca) et l’émancipation parentale (Vice-Versa, Le Monde de Némo).
De deux, en plongeant ses personnages à Toronto, en 2002, à l’heure des 3310, des boys band et des Tamagotchi. Comme pour mieux parler à des générations plus adultes : les trentenaires d’aujourd’hui ainsi que leurs parents. Confirmant une fois encore la tendance selon laquelle les films Pixar ciblent un public plus adulte que Disney. 2002, c’est aussi l’année des quatorze ans de Domee Shi, la réalisatrice. Difficile dès lors de ne pas y voir un geste purement intimiste de la part de la cinéaste asiatique, qui nous propose avec Alerte Rouge un récit largement inspiré de sa pré-adolescence.
Va te faire Mickey
Oui mais, comme pour Soul, c’est la frustration qui domine ici. Celle d’assister à l’un des Pixar les plus aboutis visuellement (OMG la fourrure du panda, les reflets sur les vitres, les faisceaux de lumière…), tout en ayant l’impression de n’en profiter que de moitié. Si le prochain Pixar – Buzz l’éclair, déjà bouillonnant de hype – signera les retrouvailles du studio avec le grand écran, Alerte Rouge restera quant à lui associé à un sentiment permanent de déception, tant du côté du public que de ceux qui lui ont adressé avec tant de cœur. A titre personnel, j’aurais préféré me passer d’Encanto sur grand écran…
Objectivement, rien ici ne témoigne de la moindre faille dans les productions Pixar, qui restent à ce jour les meilleures qui existent en termes de cinéma d’animation. Mais il n’est pas impossible qu’à terme, la stratégie full streaming de Disney porte atteinte à la qualité perçue de ses productions dans leur ensemble. De la part d’une firme qui a la mainmise sur plus de 50% de l’industrie, c’est aussi ironique qu’irresponsable. Bref, il est temps de sonner l’alerte (rouge).