Quoique singulière, l’année aura toutefois permis à certains de gagner en visibilité, nous offrant ainsi de jolies découvertes tant sur le plan national qu’international, et bénéficiant clairement aux plateformes de streaming, pour le meilleur…comme pour le pire. Sans transition, voici mon bilan 2020 !

1. Ces classements ont été conçus uniquement à partir des films que j’ai vus parmi ceux parus en 2020 en salles ou sur les plateformes de streaming.

2. Le top 10 est construit en ordre décroissant, 1 étant le meilleur film de 2020 selon moi. Idem pour le flop 5, 1 étant le film le plus mauvais de l’année selon moi.

3. Les avis formulés dans cet article me sont propres et n’ont pas vocation à refléter l’avis général.


Mon Top 2020

En dépit de 2 périodes meurtrières pour les sorties en salles, nous avons tout de même eu le loisir de faire de jolies découvertes qui n’auraient pas forcément eu la même visibilité en des temps normaux, coincées entre 2 superproductions américaines. Du reste, une petite année sans grande surprise, de manière assez logique.

1. Adieu les cons

Il n’a fallu que neuf petits jours à Albert Dupontel pour signer le meilleur démarrage de sa carrière (600 444 entrées) avant de se heurter brutalement au reconfinement de fin octobre. Tout juste le temps de dévoiler la plus aboutie de ses fantaisies, rivalisant d’inventivité, d’humour, de tendresse et de poésie avec ses précédents longs dont il convoque une fois encore les standards. Un cri du cœur lancé contre la modernité en l’honneur d’une époque révolue. Une course frénétique à la recherche du temps perdu durant laquelle se croisent des personnages hauts en couleurs, et d’où s’échappe une Virginie Efira tout simplement éblouissante. Le grand bal des émotions dont 2020 avait follement besoin.

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2. The Gentlemen

Ses faits d’armes n’étaient plus très glorieux depuis le diptyque Sherlock Holmes. Quand soudain, après un temps d’égarement chez Disney, le roi Ritchie a ressurgi, la cinquantaine flamboyante, en renouant avec le cinéma qui l’a révélé. Celui d’Arnaques, Crimes et Botanique, des longs monologues velus, des grosses pétoires et des courses à l’arnaque. Le tout férocement colmaté autour d’un Matthew McConaughey impérial en baron de la drogue chez les rosbeefs. Génialement secondé par un Hugh Grant à contre-emploi. Bref, le kiff retrouvé.

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3. 1917

« J’aime quand un plan-séquence se déroule sans accroc » (et en deux heures !). En ne se limitant jamais à la seule attraction que représente son défi technique, Sam Mendes délivre l’un des meilleurs films qui soit sur la 1ère guerre mondiale et son abominable réalité. Un spectacle de chaque instant, esthétiquement parfait, récompensé par 3 Oscars techniques et premier leader du box-office français (2,3 millions d’entrées) jusqu’à l’arrivée d’un certain Tenet en août. Sans surprise, le triomphe annoncé. Hissant tranquillement le réalisateur de Skyfall au rang des incontournables.

4. Antoinette dans les Cévennes

Au moment même où s’achève la dernière saison de l’excellente série qui l’a révélée au grand public, Laure Calamy s’offre un savoureux premier rôle-titre dans cette joyeuse comédie romantique signée Caroline Vignal. Il faut dire que son petit jeu de femme-enfant follement éprise d’un homme marié, aussi têtue à l’idée de le retrouver sur le chemin de Stevenson que l’âne dont elle est flanquée, a largement de quoi séduire. Un joli prolongement des vacances, bourré d’humour et de sympathie. Pas mal pour une première !

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5. Les Sept de Chicago

Jusqu’ici, Aaron Sorkin était surtout connu comme l’auteur des meilleurs scénarios adaptés (The Social Network, Le Stratège, Steve Jobs…). Mais en choisissant de retranscrire le procès surréaliste de sept militants de 1968 sur fond de manifestations anti-Vietnam, le cinéaste américain assoit cette fois-ci sa légitimité en tant que réalisateur (il ne s’était déjà pas trompé avec son premier film : Le Grand Jeu). Nous gratifiant de dialogues saisissants tant ils soulignent l’invraisemblable. Originalement produit sous la houlette de la Paramount, le film a été parachuté en vitesse sur Netflix pour pouvoir alimenter le débat politique juste avant les élections américaines. Il est le seul issu d’une plateforme de streaming à figurer dans ce top.

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6. Drunk

Ni pour, ni contre, bien au contraire ! Thomas Vinterberg, le plus international des cinéastes danois, pose un regard intéressant et éloigné des lieux communs sur l’alcoolisme en confrontant ses 4 protagonistes principaux à la théorie selon laquelle nos facultés sociales et professionnelles se décuplent à partir d’un certain taux d’alcoolémie. Il en profite pour renouer avec son interprète de La Chasse, Mads Mikkelsen, en pôle position pour l’Oscar 2021 du meilleur acteur. On parie ?

7. Tenet

Il aura beau nous seriner de ne pas chercher à comprendre, on n’a pas fini de se faire des nœuds au cerveau jusqu’à tant qu’on ait retracé 100% des mouvements temporels qui se jouent à l’écran. Derrière cet infranchissable mindfucking justifiable en partie par l’absence du frangin Jonathan à l’écriture du scénario, Washington et Pattinson manœuvrent avec aisance, le spectacle est efficace et la bande-son est royale. Sans compter le fait qu’il est le seul de sa catégorie à avoir bravé l’ère Covid en salles (et à raison, en tant que leader incontesté du box-office français). Nolan moyen. Mais Nolan quand même.

8. Miss

Comment faire entrer le débat de la transsexualité dans le cinéma grand public ? Ruben Alves, trop longtemps absent depuis La Cage Dorée, s’est frotté à la réponse en signant ce portrait magnifique d’un jeune homme ambitionnant de remporter le concours Miss France. Justesse infinie et émotions toutes voiles dehors pour cette seconde réalisation, tandis que pour son premier rôle-titre, le mannequin androgyne Alexandre Wetter irradie tout sur son passage. Alves, quant à lui, devient le meilleur représentant français des minorités sur grand écran.

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9. Jojo Rabbit

Taika Waititi a pris tout le monde de court en raflant l’Oscar 2020 du meilleur scénario adapté. C’est peu dire qu’il le méritait tant il a su marier tendresse et folie dans cette adaptation du roman Le Ciel en cage de Christine Leunens. Un récit grinçant et déluré sur l’Allemagne nazie de 1940 vécu à travers les yeux d’un enfant et de son ami imaginaire…Adolf Hitler. On est déjà loin de Thor : Ragnarok

10. Scandale

Paru quasi en même temps que la série The Loudest Voice, qui s’articule elle aussi autour des faits de harcèlement sexuel commis par le patron de Fox News, le film est la consécration ultime du mouvement #MeToo sur grand écran. La parfaite implication du trio de tête Robbie / Theron / Kidman s’accorde à merveille avec l’angle d’approche choisi par Jay Roach. Une œuvre minutieusement alignée avec son temps, essentielle par nature.


Mon Flop 2020

Derrière le confort apparent du streaming à qui la pandémie a clairement profité, Disney + se casse violemment la gueule au démarrage tandis que le polar français fait grise mine…

1. Artemis Fowl

Et dire qu’il aura fallu plus de 20 ans pour que cette adaptation des bouquins du même nom voit le jour. Tout ça pour voir débarquer un gamin péteux que la caméra ne prend même la peine de filmer, catapulté dans un récit bancal et bourré de contresens. Ce qui devait être le long-métrage locomotive de Disney + s’est viandé en beauté, tuant dans l’œuf une hype jusqu’alors intacte. Bien conscients du pot de merde laissé en héritage, on pardonnera ce moment d’égarement à Kenneth Branagh, peu aidé par des péripéties de production houleuses… Décidément, n’est pas Harry Potter qui veut.

2. Balle Perdue

Aussi rare soit le cinéma d’action en France, Netflix a choisi de s’en saisir en laissant sa chance à Guillaume Pierret, arrivé au printemps avec ce polar moite et sans grande ambition, et sans nul autre intérêt que celui de servir des cascades bien tapées et ultra-réalistes. Celles-ci reposent en grande partie sur la physicalité d’un Alban Lenoir parfaitement à sa place dans ce rôle d’ex-taulard accusé à tort par une police corrompue. Les autres (Bedia, Duvauchelle, Arbillot, Celma, Paradot…) font eux, à peine semblant d’y croire. Peine perdue…

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3. Bronx

2020 n’est décidément pas l’année du polar français. Le saint-patron Olivier Marchal n’échappe pas à la règle non plus. Pour ce premier film produit par Netflix, l’ex-flic avait pourtant convoqué ses meilleures gueules, de Lannick Gautry à Jean Reno en passant par Gérard Lanvin. Là encore, des interprétations en encéphalogramme plat pour des personnages écrits à la va-vite, coincés dans une coquille vide qui ne ravira que les amateurs de séquences bourrines injectées de testostérone.

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4. The Good Criminal

Liam Neeson cabotine dans un Liam Neeson movie. Jusqu’ici, rien de surprenant à ceci près qu’il incarne ici un ex-criminel collaborant avec la police. Ca change du rôle de flic alcoolique que tout accuse chez Jaume Collet-Serra. Et le thriller aurait pu fonctionner s’il avait daigné se débarrasser de ses personnages caricaturaux, ses répliques téléphonées et son manque d’originalité. Une flicade plan-plan, pas franchement détonante et facilement oubliable.

5. Les Traducteurs

Directement inspiré du procédé instauré pour Inferno de Dan Brown, consistant à enfermer tous les traducteurs d’un best-seller dans un même lieu pour éviter toute fuite de l’intrigue, le scénario avait tout pour séduire. Porté par un casting prometteur et un Régis Roinsard légitime (Populaire), ce Cluedo en puissance décroche seulement la mention « passable ». Coupable d’avoir accumulé les clichés du genre, les défauts de mise en scène et les maladresses dans les intentions de jeu. Un écueil à peine rattrapé par un Lambert Wilson versant dans la caricature. Entre ça et De Gaulle, c’était pas franchement son année lui non plus…


Récapitulatif 2020

Pour terminer, voici tous les long-métrages vus depuis le 1er janvier 2020 et répartis sous 2 listes distinctes : la première recense tous les films vus parmi ceux sortis dans l’année (streaming inclus), le seconde recense tous les autres vus hors ciné.

Vus parmi les sorties 2020

Vus ou revus en 2020

  • En salles : 22
  • Streaming : 13
  • Total vus : 35

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