Elle est tout à la fois la bombe pop-corn de ce printemps qu’un cas d’école dans le secteur du blockbuster. Reshootée en bonne et due forme par le patron de l’écurie DC Comics, la Zack Snyder’s cut de Justice League est parmi nous. Les dieux ont (enfin) un film à leur mesure…

Données de cadrage

Mettez-moi dans une cour de récré, je me rangerai aussitôt dans le camp Marvel. Il faut dire que depuis la trilogie de Nolan et son Dark Knight iconique, l’écurie d’en face n’a jamais su faire éclore ses poulains. Qu’il s’agisse du poussif Man of Steel, du maladroit Batman vs Superman ou du trainant Wonder Woman, sans parler de l’abominable Suicide Squad dont on aurait clairement où se passer. Une succession de tableaux dépressifs d’où s’échappent seulement quelques pépites comme Joker, qui démontre une fois encore qu’une adaptation de comics ne fonctionne jamais aussi bien que dans un film de genre (coucou Logan !).

Et puis, je dois avouer que je n’ai jamais porté Zach Snyder dans mon cœur. La patine laquée vernis, des personnages aussi reluisants que des poupées de cire, les ralentis à l’usure, la pesanteur des personnages, les contre-plongées abusives, la noirceur des environnements. Et pourtant, au regard de ces attributs, Snyder était clairement l’homme de la situation pour mettre en scène les DC Heroes.

Justice league : le retour en grâce

Chez Marvel, les héros sont des gens ordinaires qui deviennent extraordinaires par la force des choses, le plus souvent à visage découvert. Chez DC, les héros sont des dieux qui luttent pour se faire accepter par la société, sous couvert d’anonymat. Dès lors, il apparaissait somme toute logique de prêter ses gimmicks de réalisation à une entreprise de déification à l’extrême.

Voilà sûrement pourquoi Justice League, 2e du nom semble être la quintessence de son cinéma. Jamais un film de super-heros n’aura si bien exploité son matériau propre. La splendeur des lumières, la texture des matières, la puissance esthétique témoignent ainsi du travail considérable abattu par le papa de 300.

On prend les mêmes et on recommence

Méthode radicale : on rétrécit le cadre et on étire l’intrigue. Et aussi curieux que cela puisse paraître, on s’affranchit volontiers du format 4/3 au bout des cinq premières minutes. Quand à la vertigineuse longueur. Je ne vois pas ce qui aurait pu être amputé tant chaque scène semble essentielle à l’histoire. Bon, l’intrigue est d’une simplicité insolente. C’est vrai. Ne cherchez pas autre chose qu’un manichéisme bête et méchant.

« La routourne a tourné »

Exit Joss Whedon, papa de Avengers et de Justice League premier du nom, welcome back Snyder ! Redorant le blason DC comics, et renvoyant ainsi la version de Whedon au rang d’échec critique. Ajoutez à cela le scandale #MeToo dans lequel le créateur de Buffy contre les vampires est à présent englué. Qu’il semble loin le temps où le bien-aimé Avengers (2012) faisait de son réalisateur le nouveau pape du popcorn movie. 9 ans plus tard, ses coups de sang de jadis auront fini par le vampiriser. Si Joss dire…

Bilan des courses

Le Snyder Cut ravit haut la main ce match de poids lourds. D’un côté, la coquille vide de Whedon, trop essorée pour en extraire quoi que ce soit de mangeable. De l’autre, la réinterprétation en bonne et due forme

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