Démarrée à retardement le 19 mai 2021, l’année n’a pas pour autant été avare de surprises. Parmi elles, de jolies pépites françaises ayant cette année encore bénéficié d’une meilleure exposition, contexte oblige. Petite nouveauté cette année : un top 10 des meilleurs blockbusters à retrouver juste ici ! Mais revenons à nos moutons : voici mon bilan 2021 !
1. Ces classements ont été conçus uniquement à partir des films que j’ai vus parmi ceux parus en 2021 en salles ou sur les plateformes de streaming.
2. Le top 10 est construit en ordre décroissant, 1 étant le meilleur film de 2021 selon moi. Idem pour le flop 5, 1 étant le film le plus mauvais de l’année selon moi.
3. Les avis formulés dans cet article me sont propres et n’ont pas vocation à refléter l’avis général.
Mon Top 2021
Évènement de dernière minute à l’heure où j’écris ces lignes : c’est finalement un film Netflix qui se hisse à la tête du classement de cette année, dominé quasi exclusivement par des films français, eux-mêmes colorés par la comédie, le polar et le cinéma de genre.
1. Don’t Look Up : Déni cosmique
Particulièrement à l’aise quand il s’agit d’égratigner et dénoncer les pouvoirs politiques (Vice), Adam Mckay frappe très fort cette année avec un pitch glaçant : le mépris du discours scientifique et le déni absolu de la Maison Blanche et des médias face à la menace d’une comète en chemin pour pulvériser la planète. Ecrit en 2019, puis retaillé par son auteur au printemps 2020 à l’aune de la gestion de la crise sanitaire pour en accentuer le caractère satyrique, Don’t Look Up brille par son écriture féroce et ses acteurs de tête, parmi lesquels Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence. Un film Netflix tout à la fois drôle, féroce et terrifiant. Essentiel à bien des égards, à commencer par celui de dénoncer l’urgence climatique qui pèse sur notre planète, malheureusement bien réelle.
2. Boîte Noire
On prend le même et on recommence ! Après l’excellent Un Homme Idéal, Pierre Niney incarne à nouveau Mathieu Vasseur dans le dernier thriller paranoïaque de Yann Gozlan, qui nous plonge cette fois-ci dans l’enquête d’un crash aérien. Une intrigue exploitée avec gourmandise par le réalisateur à la faveur d’un cadrage au poil, d’une photo splendide et d’une ambiance joliment feutrée. La bande-son, hypnotique et organique, sublime l’image et saisit le spectateur à chaque envolée, signe d’un fabuleux travail créatif. En témoigne un final asphyxiant qui transforme Boîte Noire en un véritable thriller d’action. Un travail récompensé comme il se doit par le box-office, qui confirme l’idée d’un talent français exemplaire en matière de polar.
3. Bac Nord
En tournant son film dans les quartiers Nord de Marseille qui l’ont vu grandir, Cédric Jimenez était loin d’imaginer que son polar le plus ambitieux à ce jour allait devenir un objet politique estampillé « film de droite » par une large frange de la presse et du public. J’ai pour ma part choisi de considérer le film comme il a été pensé : un thriller d’action saisissant, shooté à l’adrénaline et baigné par une mise en scène fiévreuse exploitant à merveille l’environnement que représente la cité phocéenne. Quant au propos qui nous est rapporté, j’y vois d’abord une critique du système judiciaire avant d’y voir une intention raciste, aussi romancé soit le portrait des 3 flics dont on nous tire le portrait. Intentions louables, quoi qu’on en dise.
4. La Nuée
Notre rencontre avec Just Philippot au festival Jean Carmet 2020 ne fait aucun doute : ce garçon est obstiné par le travail. Ça tombe bien, c’est justement le sujet de son tout premier long-métrage, qui s’attarde sur les difficultés d’une mère de famille agricultrice élevant seule les enfants, et dont l’expansion de son élevage de criquets va prendre des proportions aussi incontrôlables que démesurées. Une intrigue prétexte à de nombreux sujets de société autant qu’à un cinéma d’horreur particulièrement bien maitrisé quand on sait les moyens de tournage à disposition. Voilà qui fait de La Nuée une oeuvre complète et de son réalisateur une véritable révélation. Une chose est sûre, le film de genre français a de fabuleux jours devant lui !
5. Mourir peut attendre
Devenu malgré lui le symbole d’une industrie prise à la gorge par la crise sanitaire, ce 25e opus avait pour mission – en plus de satisfaire la (très) longue attente du public – de clore l’ère Craig et de faire prendre à la franchise le virage de l’ère #MeToo. Un défi plutôt bien relevé par Cary Joji Fukunaga, dont les prises de risque sont d’autant plus appréciables qu’elles n’entachent en rien le cahier des charges de la franchise. Un Bond presque parfait s’il n’avait pas souffert de quelques lenteurs, de bégaiements abusifs et d’un antagoniste aussi mal développé. Rien de quoi égratigner son joli score au box-office français : 4 millions d’entrées (2e au classement 2021 derrière Spider-Man : No Way Home). Mission accomplie !
6. Titane
Il fut la grande surprise de la grand messe cannoise. D’une déflagration telle qu’il devint malgré lui un objet de division au sein de la communauté cinéphile. Pour cause : Titane est assurément l’un des films les plus dérangeants que vous verrez cette année. Mais par bien des aspects, c’est aussi l’un des plus stylisés et des mieux tenus dans ses intentions de mise en scène. Alors oui, c’est vrai, il faudra s’affranchir de toute logique, concéder les raccourcis scénaristiques, accepter les règles en vigueur. Mais le jeu en vaut clairement la chandelle, sans quoi vous resterez bloqués aux portes du film. Sachez seulement ceci : si vous voulez vous laisser surprendre par le cinéma sans savoir ce qui va vous arriver, Titane est fait pour vous. Un bijou de cinéma de genre, dans la droite lignée du premier long de Julia Ducournau, qui devient ainsi la deuxième femme (seulement !) à rafler une Palme d’Or, 28 ans après La Leçon de Piano de Jane Campion.
7. West Side Story
On s’attendait à une pâle copie de la version culte de 1961 à peine réhaussée par les moyens techniques de notre siècle, quel ne fut pas notre bonheur face à la maîtrise technique offerte par Steven Spielberg à la faveur d’une réalisation virevoltante. En sublimant son matériau d’origine sans jamais détériorer son intention première, mais en lui réinsufflant sa pleine résonance avec notre époque, l’enfant terrible du cinéma fait montre d’une énergie intacte à 75 ans révolus. Comme une cure de jouvence ultime, un hommage au cinéma qui l’a vu grandir, tout en rendant ses lettres de noblesse à la comédie musicale. Il n’en fallait pas moins pour ravir nos petits coeurs de cinéphiles et rendre West Side Story culte, une deuxième fois.
8. La Fracture
Partie de l’idée d’exploiter la crise des gilets jaunes pour mieux souligner les écarts sociaux engendrés par le quinquennat actuel, Catherine Corsini cultive ici l’urgence à travers un entremêlement de situations dont le rythme accélère à mesure que la situation empire à l’extérieur, jusqu’à l’asphyxie totale des urgences en pleine nuit d’affrontements urbains. La bonne idée fut celle de mettre sur le même piédestal la bourgeoise parisienne (Valéria Bruni Tedeschi, impériale) et le prolo/gilet jaune (Pio Marmaï, bouillonnant de nervosité) en les rendant tous deux pathétiques pour mieux en extraire le pouvoir comique. Mais l’intention première de La Fracture s’accomplit en vérité à travers le personnage de l’infirmière incarnée par Aïssatou Diallo Sagna. Derrière son portrait, le tableau d’un système de santé en crise à rapprocher de la saga Hippocrate de Thomas Lilti. Le message est clair : Il y a urgence !
9. L’Origine du Monde
Assurément la comédie la plus originale de l’année. Doté d’un casting au poil (Vincent Macaigne, Karin Viard, Hélène Vincent, Nicole Garcia, impériaux), le film passe son temps à nous surprendre avec pour souci permanent de nous faire rire aux éclats. C’est bien simple : à aucun moment on ne s’attend à ce qui va se produire sous nos yeux, et c’est tant mieux, car l’effet de surprise escompté est parfaitement réussi. Un scénario boosté par une composition de cadre mûrement travaillée (une fabuleuse galerie de plans fixes !), une photographie soignée et des dialogues écrits au cordeau. Bref, tout concourt à ce que le spectateur se projette dans un monde parallèle où tout est permis, à commencer par les actes les plus controversés. Le petit malin qui se cache derrière cette bombe humoristique n’est autre que Laurent Lafitte qui accouche ici de son tout premier film. Avec l’Origine du Monde, le sociétaire de la Comédie Française étonne et détonne. Et ça, personne ne l’avait vu venir.
10. 5ème set (ex-aequo)
N’en déplaise à La Méthode Williams, sorti le 1er décembre, je lui préfère cet éclatant portrait de tennisman sur le déclin, incarné par un Alex Lutz à son meilleur. Le choix idéal pour exprimer les difficultés et sacrifices qu’incombe la pratique d’un sport de haut niveau à titre professionnel. Le film se contente d’une mise en scène assez conventionnelle mais Quentin Reynaud a su mettre énormément de lui-même dans ce film honnête et intimiste, bien loin du parcours ultra-classique d’étoile montante qu’on nous ressert habituellement. Et surtout : jamais un match de tennis ne nous avait procuré tant de frissons à l’écran ! Petit film, et service gagnant !
10. Une Vie Démente (ex-aequo)
Parce qu’on a tous connu une personne de notre entourage atteinte de la maladie d’Alzheimer, Une Vie Démente est essentiel. Que ce soit à travers la démence pathologique qui gagne le personnage de Suzanne ou bien dans le sacrifice que son fils Alex est contraint de faire subir à sa vie de couple, Ann Sirot a choisi d’attribuer à son film une exaltante légèreté, parfaitement alignée avec l’envie de dédramatiser la situation. A mille lieues de faire sombrer le récit dans le pathos, la maladie donne lieu à de nombreux moments d’humour et de tendresse. Et plus encore, par sa mise en scène, inventive, sertie de plans fixes et de jump cuts bien exploités, et servie par des acteurs extrêmement généreux. Une jolie surprise, fraîche et revigorante, découverte au festival Jean Carmet 2021.
Ils auraient pu être dans le top :
- Le Dernier Voyage
- Sans un Bruit 2
- The Suicide Squad
- Matrix Resurrections
- Kaamelott : Premier Volet
- Les Magnétiques
- Aline
Mon Flop 2021
Long-métrages français, films Netflix et cinéastes controversés se croisent dans le flop de cette année.
1. 8 Rue de l’humanité
Mal joué, écrit à la va-vite pour Netflix, surfant avec maladresse sur le confinement de 2020, à la limite du racisme tout en cherchant à le dénoncer. Les blagues sont aussi malaisantes que l’armada de bons sentiments que Dany Boon cherche à déployer en fin de film en guise de tire-larmes. Son pire film à ce jour.
2. Lui
Si la filmographie de Guillaume Canet constitue en une gigantesque introspection, Lui fait figure de manifeste. En tout cas, c’est ainsi que son auteur le conçoit, semble-t-il. Écrit d’une traite en mai 2020, tourné en 4 semaines au mois de septembre, Lui débarque fin octobre en salles non sans une certaine amertume. De ce délire schizophrénique, peu de choses à retenir exit la lumineuse – comme toujours – Virginie Efira. Que Guillaume Canet puise dans ses tourments intérieurs pour pondre ses scénarios est une chose. Qu’il accomplisse sa pseudo-thérapie à travers ses films en est une autre…
3. Comment je suis devenu super-héros
Quand soudain, la hype montante depuis l’annonce du projet a laissé place à une déconvenue glaçante… La sympathie de Pio Marmaï n’y changera rien : le premier film de super-héros français tant attendu est une sacrée déception. En cause une direction d’acteurs inexistante, de nombreux bégaiements, un gros ventre mou et des personnages pas vraiment fédérateurs. Le tout dans un film, à l’arrivée, idéalement taillé pour…Netflix. Aussi paradoxal soit-il.
4. Annette
Leos Carax est un véritable ovni du 7e art, dont la filmographie se bâtit au rythme de ses pulsions créatives et de ses tourments personnels plutôt qu’au profit. Intention louable, s’il en est. 9 ans après Holy Motors, Annette a mis la Croisette a ses pieds lors de sa diffusion, raflant au passage un Prix de la mise en scène franchement pas volé. Pour ma part, le spectacle m’a laissé de glace. Une comédie musicale intrigante, d’où s’échappent néanmoins quelques traits de génie (la séquence du chef d’orchestre 😍).
5. Dune
Oui. Dune est un joyau d’esthétisme et de mise en scène. Fruit du travail gargantuesque d’un fan absolu de la saga littéraire culte : Denis Villeneuve. Mais il n’est à mes yeux qu’une coquille vide, plombée par de nombreuses lenteurs et une bande-son assourdissante en IMAX. Un premier volet d’exposition qui me laisse perplexe dans l’attente des prochains opus. Wait & See…
Ils auraient pu être dans le flop :
- The Nest
- Villa Caprice
- Un Homme en colère
- Black Widow
- Encanto : La Fantastique Famille Madrigal
Récapitulatif 2021
Pour terminer, voici tous les long-métrages vus depuis le 1er janvier 2021 parmi ceux sortis dans l’année (streaming inclus).
Vus parmi les sorties 2021
- Tony Parker : The Final Shot (Netflix)
- The Nest (Canal+)
- Malcom & Marie (Netflix)
- La Mission (Netflix)
- Zack Snyder’s Justice League (HBO Max)
- Oxygène (Netflix)
- Mandibules
- Le Dernier Voyage
- Army of the Dead (Netflix)
- Villa Caprice
- Le Discours
- Raya et le dernier Dragon (Disney +)
- 5ème Set
- Sans un Bruit 2
- Les 2 Alfred
- Un Homme en colère
- Luca (Disney +)
- Nomadland
- Black Widow
- Présidents
- Titane
- Comment je suis devenu super-héros (Netflix)
- Fast & Furious 9
- Kaamelott – Premier volet
- Annette
- OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire
- The Suicide Squad
- BAC Nord
- Jungle Cruise
- Boîte Noire
- Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux
- Dune
- Mourir peut attendre
- Une femme du monde (Festival Jean Carmet)
- Petite Nature (Festival Jean Carmet)
- Les Magnétiques (Festival Jean Carmet)
- Les Meilleures (Festival Jean Carmet)
- La Fracture (Festival Jean Carmet)
- Bruno Reidal (Festival Jean Carmet)
- Une Vie Démente (Festival Jean Carmet)
- Eiffel
- 8 Rue de l’humanité (Netflix)
- Lui
- Army of Thieves (Netflix)
- Les Eternels
- Aline
- Red Notice (Netflix)
- Encanto : La Fantastique Famille Madrigal
- West Side Story
- Spider-Man : No Way Home
- Matrix Resurrections
- Tous en scène 2
- Don’t Look Up : Déni cosmique (Netflix)
2021 en chiffres :
- En salles : 39
- Streaming : 14
- Total vus : 53